Puno, le lac Titicaca et ses îles

Notre dernière étape péruvienne nous emmène à Puno, en bordure du lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde à 3810 m. On ne reste pas insensible devant cet immense lac qui mesure 175 km de long et couvre une superficie de 8340 km2. D'autant plus qu'il se situe aux abords d'une région aride mais magnifique : l'altiplano et au confluent de deux pays : le Pérou et la Bolivie.

Comme tous ceux qui passent à Puno, nous ne résistons pas à l'envie de découvrir le lac et ses fameuses îles. De bon matin, nous voilà donc partis en direction du port à la recherche du petit bateau qui fera notre bonheur !

Nous n'aurons pas eu besoin de chercher longtemps car on se fait tout de suite abordés par différents hommes qui nous proposent des tours sur un ou plusieurs jours. Nous avons décidé de passer une nuit sur l'île d'Amantani et de visiter aussi Taquile et Uros (les îles flottantes). Nous choisissons donc la formule de deux jours et quelques instants plus tard nous embarquons à bord d'un petit bateau avec quelques autres touristes.

La première île que nous abordons est en fait constituée d'une myriade d'îles flottantes qui sont fabriquées selon les besoins de la communauté : ce sont les îles Uros, du nom des premiers habitants qui y vivaient jusqu'à la moitié du 20e siècle. Certains diront que ces îles sont trop touristiques tant il est vrai que les habitants attendent le touriste comme le messie ... et ne vivent que de notre argent ! Pourtant, ces îles valent quand même le détour, je trouve, car on a la possibilité de découvrir des constructions uniques au monde dans un environnement de toute beauté ! 

Il est ainsi étonnant de découvrir que nous marchons en fait sur une épaisse couche de "totora", sorte de roseaux flottants qui sont compactés à la main. En fait, des cubes de racines emmêlées, qui ressemblent à une botte de terre, sont reliés entre eux puis sont déposés dessus de nombreuses couches de roseaux ... et au final, ça tient et on ne coule pas ! Il faut ensuite amarrer l'île si on veut éviter qu'elle ne dérive ! Ce sont des poteaux d'eucalyptus qui font office d'ancre. Le roseau sert aussi à la construction des huttes, des meubles et des magnifiques barques.

Sur les quelques 45 îles que compte Uros, seule une quinzaine sont ouvertes aux touristes, ce sont les plus "luxueuses" (même si ce terme ne convient pas, tant les îles visitées sont déjà d'une simplicité extrême !). Bien sûr, nous ne choisissons pas sur quelle île nous voulons débarquer !

L'arrivée nous met dans l'ambiance colorée du lieu : les femmes attendent au bord de leur minuscule île le bateau tant convoité et nous accueillent en chansons. Elles sont habillées avec de grandes jupes très colorées,de petits gilets et un chapeau melon. Leurs cheveux sont tressés en deux nattes qui tombent bas dans leur dos, et au bout desquelles elles attachent de gros pompons d'alpagas. Ajouté à cela, les eaux brillantes du lac Titicaca, les barques si typiques en totora et on se retrouve transporter hors du temps ! Sur l'île, tout est bien rodé : on est directement emmené dans un coin, assis en cercle et le seul homme de l'île nous explique, île petit format et figurines à l'appui, la construction et la vie des Uros. Les autres hommes travaillent en journée sur le continent et ne reviennent que le soir. Chaque femme vient ensuite "choisir" un touriste et l'emmène dans sa hutte pour lui montrer son habitat. Nous sommes ensuite gentiment invités à revêtir leurs habits traditionnels (séance photo obligatoire !) puis nous sommes rapidement dirigés vers leur stand d'artisanat ... leur principal ressource mis à part la pêche (qui se fait de plus en plus rare) et la production de canards et d'oeufs. Et là, difficile de ne pas acheter ! On est ainsi reparti avec un joli mobile en totora ... mais qui s'avèrera plus cher que sur le continent !!! J'ai par contre aussi acheté des "bombos", les fameux pompons traditionnels que les femmes se mettent dans les cheveux ... et ça, il n'y en a pas sur les stands d'artisanat !

Nous avons ensuite droit à un tour de barque traditionnelle, avec chansons internationales en accompagnement ("Vamos a la playa", "Au clair de la lune" et tutti quanti !!!). J'ai fini par demander une chanson traditionnelle en quechua parce que quand même, il me semblait que le lieu s'y prêtait mieux !!!

A peine débarqués de notre barque, nous avons rembarqué dans notre petit bateau et filé vers de nouveaux horizons ... en l'occurence de nouvelles îles.

Les Uros garderont leur mystère ... j'aurais aimé découvrir le lieu lorsque tous les bateaux de touristes repartent et que les habitants ne pensent plus à vendre quelque chose ...

Nous continuons notre route sur cet immense lac, et sur le bateau nous faisons connaissance avec un sympathique couple de québécois. Le courant passe bien et nous ne voyons pas passer le temps ! Amoureux du voyage, ils ont déjà pas mal bourlingués et nous échangeons de nombreuses infos.

Amantani est désormais en vue, c'est l'ile sur laquelle nous allons passer la nuit chez l'habitant. A l'arrivée, ce sont à nouveau des femmes qui nous attendent, mais surprise, leurs habits traditionnels sont fort différents de tous ceux qu'on a vu jusqu'à maintenant ... J'ai l'impression de me retrouver dans un mélange indéfinissable de Grèce, Turquie ... Les femmes portent un long voile noir sur la tête dont elles rabattent les pans dans leur dos. Le bas du tissu est brodé de fleurs colorées. Elles portent de grandes jupes et des chemisiers brodés. La jeune femme qui nous accueille nous emmène au gré de petits sentiers de terre le long de champs cultivés et de petites maison en terre battue. Nous longeons des murets de pierres, des enclos où se prélassent cochons, moutons, ânes ou mulets. Son voile danse devant nos pas et de temps en temps, d'une main ferme, elle rabat les les pans indisciplinés sur ses flancs. J'ai l'impression d'être dans un tableau vivant ...

Nous arrivons à une petite maison avec une cour intérieure qui s'ouvre sur une construction rectangulaire. A l'étage, une chambre joliment décorée avec l'artisanat de l'île nous attend, avec son plafond en sac de riz !

Basilia Yanarico, c'est son nom, nous accueille dans sa maison avec beaucoup de gentillesse. Nous sommes conviés à manger dans la cuisine et nous nous régalons d'une soupe de quinoa absolument délicieuse, puis d'un plat de riz avec omelette à la tomate, topinambours et pommes de terre. Comment décrire l'atmosphère de cette cuisine avec son sol en terre battue, sa grande table décorée avec les tissus colorés des mantas, son âtre d'où sort un petit filet de fumée, ses nombreuses bouilloires et casseroles noircies qui ronronnent sur le feu et la mama qui veille, au coin, sur une petite chaise. Qu'elle est belle cette femme, avec son gilet brodé et ses grandes nattes tressées.

Dès que nous avons eu fini de manger, les femmes de la maison (car là aussi nous ne voyons que les femmes, hormis le "papa" qui a plus de 70 ans et qu'on a croisé en arrivant) déballent leur artisanat sur une grande manta : les affaires reprennent !!! Ici aussi l'artisanat est important, les gens tissent beaucoup sur l'île. D'ailleurs une des soeurs de Basilia nous a montré son travail sur son métier à tisser. Autant dire qu'il y a du boulot quand on voit à quelle vitesse se forme la manta !

Nous allons ensuite nous promener sur l'île, accompagnés par une des petites filles de la maison. Elle nous sert de guide car il n'est pas évident de s'y retrouver dans tous ses petits chemins ! Sur la place du village, une femme me tresse gentiment les cheveux avec les bombos que j'ai acheté sur les îles flottantes. Le résultat est original mais ces décorations pèsent leur poids ! Une brochette d'hommes attendent sagement sur un muret ce qu'on croit être d'abord la consultation du docteur avant de réaliser que c'est un meeting politique ... !!!

La fin de journée se termine sur le hauteurs de l'île pour observer le coucher de soleil. Des jeunes garçons nous ont accompagnés quelques mètres en nous jouant de la flûte et du tambour ... avec quelques couacs, avant de venir quémander un peu d'argent !!!

Le soir, nous revenons à la frontale à la maison. L'île n'est pas équipée au niveau électricité. C'est à la bougie que nous retrouvons notre chambre avant de redescendre retrouver la famille dans la cuisine, lieu de vie par excellence. La mama est toujours fidèle au coin du feu, les filles sont là aussi, dont une avec son bébé de quelques mois. Les autres enfants ne sont pas présents, on suppose qu'ils sont avec le grand père dans une autre pièce. Par contre, il y a un homme : le fils de la maison. Nous avons amené notre album photos avec des images des différentes régions de France, du coin où l'on vit et de notre famille. Vu l'obscurité ambiante, difficile d'y voir clair !!! On utilise nos frontales pour éclairer l'album photos qui va avoir un vif succès auprès du fils (les femmes sont occupées à cuisiner). Mais ce qui emportera le plus l'adhésion, c'est la photo des meules de comté, qui sera commentée avec les femmes ! 

Une fois encore le repas sera simple mais délicieux avec en entrée une excellente soupe de maïs et d'épinards. Seul, le fils mangera à table avec nous, les femmes se postant au coin du feu, accroupies ou sur une petite chaise malgré notre invitation à nous rejoindre à table ! De même, nous nous demandons où sont les autres hommes de la famille, les maris de toutes ses dames, car nous ne les verrons pas du tout ! A priori, certains vivent encore dans la famille de leur mère, si nous avons bien compris ! 

Après une bonne nuit (où le bruit semblable à la mer se faisait entendre de dehors), nous quittons ce petit havre de paix, direction Taquile.

Taquile se différencie encore de ses voisines car, comme nous allons le constater en débarquant, les traditions sont encore différentes ici. Les hommes portent un grand bonnet qui pend sur le côté à la façon des bonnets de meuniers ! Et, chose étonnante, ici, ce sont eux qui tricotent ! Ils se promènent avec leurs aiguilles et leur fil passé autour du cou. A Amantani, les broderies (des chemises notamment) étaient faites par les hommes mais on ne les voyaient pas faire. Les femmes, quant à elles tissaient. Ici, on voit bien plus d'hommes et tous avec leur tricot !!!

Par contre ici, il est hors de question de prendre une photo sans payer ! Tout se paye ! Nous ne faisons donc que des photos de loin ou avec zoom.

Nous sommes censés rester ici que 3 h, le temps de voir un peu l'île et de manger avant de repartir pour Puno. Hors, tout à nos discussions et découvertes des paysages à l'approche de l'île, nos oreilles inattentives confondent "dos" (2h) et "doce"(midi) ... sauf pour JP qui, malgré son espagnol vacillant avait compris la bonne heure !!! Quand nous redescendons tranquillement au port nous réalisons que notre bateau est déjà parti ... avec une partie de nos affaires !!!

Mais après discussion, nous réussissons à trouver un autre bateau qui rentre sur Puno ... on constate simplement que ce bateau est bien plus lent ... mais nous prenons notre mal en patience jusqu'à Puno ... où nous attendent nos sacs à la capitainerie ! Tout est bien qui se finit bien !

Cette escapade sur le lac a été bien agréable et très enrichissante sur le plan humain.

Avant de quitter Puno, nous nous faisons un bon petit repas avec nos amis canadiens dans une polleria. La Bolivie désormais nous tend les bras et nous sommes pressés de passer la frontière ! 

 



20/09/2010
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