ISA ET JP

Holà !

Nous voici de retour à Huaraz après un fabuleux trek de 6 jours autour de l'Altamayo.

Nous sommes partis de Lima avec un bus de nuit (8h de route) jusqu'à Huaraz, point de départ de nombreux treks dans la Cordillière blanche.

Une fois à Huaraz, nous avons fait un stock de provision pour tenir 6 jours en autonomie et nous sommes partis en collectivo pour Caraz pour être plus proche du point de départ du trek.

De là nous avons fait une rando à la journée jusqu'au lac 69 aux environs des 4700 m d'altitude. Déjà une bonne façon de se mettre dans l'ambiance car il a fallu prendre un collectivo jusqu'à Yungay puis un taxi pour faire plus d'une heure sur une piste serpentant dans les montagnes !

Car ici toutes les routes sont loin d'être goudronnées et celles qui le sont, le sont souvent qu'en partie ! Il faut donc savoir slalomer, ce qui n'est pas un problème pour les chauffeurs rodés à ce type d'excercices !

Cette première journée en altitude a été assez riche en évènements du fait que j'ai assez mal supporter l'altitude, manque de chance ! Le lac était magnifique mais la descente s'est effectuée dans un état un peu second pour moi : violent mal de tête, nausées et vomissements de retour à Caraz !

Donc le départ de trek a été retardé d'un jour le temps pour moi de me remettre de mes émotions ! Pendant ce temps notre nouvel ami Christian nous avait rejoint à Caraz. Nous avons rencontré Christian à Huaraz, il cherchait à faire le trek de l'Alpamayo avec quelqu'un. Comme c'était justement notre destination, c'est très bien tombé ! Lui remonte depuis Hushaïa en vélo et il va continuer comme ça jusqu'aux Etats Unis ! A côté de lui, on a l'air de petits joueurs !!!

Nous avons choisi de faire le trek en autonomie alors que la plupart des gens le font avec des muletiers et des guides. Sauf que ce n'est plus du tout la même organisation, c'est carrément une expédition dans ces cas là car il faut compter plusieurs mules pour porter les tentes (pour dormir mais aussi la tente de cuisine, et même celle des toilettes ... hé oui !), il faut emporter de la nourriture pour le muletier, le cuisinier, le guide ... bref ça ressemble plus à une caravane qu'à une randonnée ! De plus, les étapes sont parfois bien petites et ils proposent le tour en 10 jours. Et pour la solitude et la tranquillité, on peut repasser !

Par contre notre choix impose de lourds sac à porter, mais nous préferons cette option qui nous rend plus libres d'avancer à notre guise et de faire comme l'on veut !

Nous montons en taxi jusqu'à Cashapampa où nous plantons notre tente pour partir tôt le lendemain matin.

Et c'est ainsi qu'au petit matin, après avoir satisfait au contrôle d'entrée du parc national du Huascaran (qui nécessite un droit d'accès de 65 soles pour un mois), nous partons pour un trek dans un endroit que tout le monde nous décrit comme magnifique.

Les sacs sont effectivement bien lourds, nos épaules le ressentent assez vite, mais le paysage est tellement beau qu'on en oublie le sac à dos ! JP doit bien avoir 20 à 25 kilos sur le dos, moi bien moins comparé à lui (une quinzaine) et Christian est bien chargé aussi.

Etant donné ma douloureuse expérience de l'altitude à la laguna 69, nous avons choisi de faire le trek dans le sens inverse de ce qui se fait le plus couramment.

Pourtant, ce sens nous parait plus judicieux car il permet de monter par palier en altitude et permet ainsi de mieux s'acclimater. Dans l'autre sens, les gens attaquent directement par une montée interminable jusqu'au col le plus haut du trek, à 4860 m, ce qui donne peu de chance à ceux qui ne supportent pas bien l'altitude de s'adapter, surtout que l'étape suivante reste en altitude !

Nous commençons donc dans les sentiers du trek du Santa-Cruz, très fréquentés.

Pour notre première journée, nous allons jusqu'au lac Jatuncocha où nous posons la tente dans un petit endroit fort sympathique au bord de l'eau, ce qui permet à JP d'aller faire trempette pour se doucher ... ce qui ne manque pas d'impressionner un groupe de 3 randonneurs passant à ce moment là ! Assurément ils ont dû penser qu'il était inconscient vu la température de l'eau à cette altitude !

Le lendemain, nous passons notre premier col à 4760 m : Punta Union.

La vue est grandiose, mais mon mal de tête se rappelle douloureusement à moi ! Nous redescendons de l'autre côté au pas de course et le doute commence à s'installer ! Si je n'arrive pas mieux à m'acclimater à l'altitude, nous ne pourrons pas faire le tour complet. Je suis extrêmement déçue de voir que mon corps refuse l'altitude alors que les autres n'ont pas l'air d'avoir de souci particulier avec ça ! Pourtant, dans les jours qui suiveront, nous croiserons quelques personnes bien secouées par l'altitude !

Nous dormons à 4100 m et le froid se fait sentir dans la nuit ! Au matin, tout est gelé, on ne traine pas pour faire chauffer notre poridge d'avoine !

En journée, il fait toujours très chaud mais dès que le soleil se cache, il fait vraiment froid ! Je suis obligée de dormir avec de nombreuses couches de vêtements sur moi car mon sac de couchage n'est pas assez performant ! On a fait le choix d'un sac plus léger mais moins chaud ... je regrette mon super sac de couchage basse température resté en France car trop encombrant et trop lourd ! 

Troisième jour de trek, il a fallu se décider ce matin pour savoir si on faisait simplement le trek de Santa-Cruz ou si on faisait l'Altamayo car en fonction de ma résistance à l'altitude, on ne peut pas se permettre de partir sur le grand tour si je ne vais pas bien. Comme je vais mieux et que mon mal de tête est complétement passé, on part pour le grand tour, à la grande satisfation de tout le monde, moi la première !

Nous attaquons par une forte montée jusqu'au col de Alto de Pucaraju à 4640 m, puis nous descendons jusqu'au lac Huecrucocha où 2 barques sont posés au bord de l'eau, vision assez iréelle vu l'éloignement du lieu ! Christian en profite pour faire en brin de toilette et nous voilà repartis, prêt à attaquer la longue montée vers le deuxième col de la journée à 4360 m : Tupatupa. D'ici nous redescendons sur un rythme soutenu en espérant aller le plus loin possible avant la nuit qui tombe ici à 18h ! Il y a peu d'endroits où poser la tente ici car la descente est soutenue et il n'y a pas d'endroits plats. Heureusement pour nous, juste avant la tombée de la nuit nous trouvons un replat qui nous permet de monter en express notre campement !

Quatrième jour de trek, nous continuons notre longue descente commencée la veille et nous arrivons dans une communauté : Jancapampa. Le lieu est reculé de tout et le décalage important avec ce que nous connaissons. Ici les maisons sont en briques de terre, chiens, cochons, gens se cotoient. On a l'impression d'avoir fait un bond dans le passé. Une femme file la laine devant nous tandis qu'une autre nourrit un bébé. Les femmes nous demandent des médicaments, de la crème pour la peau ou des bonbons pour leurs enfants ... quand ce n'est pas de l'argent. Je mets de la crème à la petite Mélissiana, 2 ans, dont la peau est bien brûlée par le soleil. Pourquoi les enfants n'ont-ils pas de chapeau comme les adultes, mystère ?

Christian achète un paquet de pâtes, du sel et quelques bricoles à la "réserve" (bien grand mot) du village. La femme semble ne pas savoir compter car le total ne correspond pas aux différents prix énoncés avant. On a du mal à se comprendre car apparemment beaucoup de gens parlent uniquement quechua ici.

De l'autre côté de la rivière, il y a l'école : primaire et collège. Les élèves sont en train de jouer au foot, sport national par excellence ! Les filles, comme les femmes du villlage sont en habits traditionnels : collant  pieden laine de lama, jupes multicolores, chemisiers brodés, gilets de couleur, chapeau (pour les femmes).

Dans les écoles, les élèves ont des uniformes.

J'aimerais vraiment allé voir cette école perdue dans la montagne, malheureusement, nous ne pouvons pas nous attarder car nous avons encore beaucoup de route à faire ! Une grosse étape nous attend aujourd'hui ! Je discute un instant avec une des profs et nous voilà repartis, mais je me dis que ce n'est que partie remise !

Le col que nous devons rejoindre, le Yanacon, à 4610 m est fort loin, il ne nous faut pas traîner. Dans la montée, nous croisons un guide qui descend en courant chercher un cheval pour sa cliente qui a le soroche, le mal des montagnes; elle n'arrive plus à avancer ! Nous croisons aussi, comme tous les autres jours, des muletiers avec leurs mules bien chargées ... puis toujours bien plus tard, un groupe de touristes qui avance nettement moins vite que les mules !!! Dans la montée, nous récupérons aussi une petite chienne qui semble s'être prise d'affection pour nous ! Elle ne nous quitte plus et ne veut pas redescendre au campement où elle était ! Nous montons donc le col à 4 !!! La dernière montée est bien raide et nous nous demandons comment font les mules pour rester sur leurs 4 pattes ! Un vent violent nous accueille en haut, on se dépêche donc de redescendre dans une vallée interminable ! Au bout d'un moment dans le versant en face, nous aprecevons un énorme troupeau de moutons avec la bergère en habits traditionnels et son enfant.

L'isolement ici est total et quand nous arrivons enfin au fond de la vallée, nous découvrons une petite maison en briques, quelques cochons, des chevraux. La vie ici ne doit pas être facile mais ces gens n'ont pas l'air d'être malheureux. Nous nous avons trop et eux n'ont pas grand chose ... quand on voit ça, on s'interroge forcément sur notre société de consommation !

Le plateau se continue, inlassablement ... ici, même dans les endroits les plus reculés et les plus sauvages, on voit des vaches ou des chevaux ... on pourrait presque se croire en Mongolie si on ne lève pas la tête sur les nombreux sommets environnants qui nous rappellent que les montagnes tutoient les 6000 m !

Bientôt les chevaux font place aux alpagas ... nous avons la tête remplie de ces paysages grandioses que le Pérou nous offre !

Nous plantons notre tente à nouveau juste avant la tombée de la nuit après Huilca et nous ne trainons pas pour nous glisser dans nos sacs de couchage, il va faire froid à nouveau cette nuit ! 

Cinquième jour : aujourd'hui 2 cols au programme : le Mesapata à 4460 m et le Gara Gara à 4830 m, encore une grosse journée en perspective ! Nous en prenons toujours plein les yeux, entre les sommets enneigés, le pic de l'Alpamayo, les lacs d'altitude et autres plateaux tout simplement gigantesques ! Nous gardons un rythme soutenu pour rejoindre Ruina Pampa (des ruines comme le nom l'indique !!) où nous voulons planter la tente. Nous trouvons un endroit absolument superbe avec vue depuis la tente sur le pic glacé si caractéristique de l'Alpamayo qui culmine à 5947m.

Autant dire qu'on a encore moins trainé que d'habitude le matin pour repartir car il faisait vraiment froid à cette altitude !

6e jour ... le dernier du trek mais avec encore une grosse étape avec 3 cols dont le passage au point culminant du trek ! On attaque par le Vientunan (4770m) puis un col sans nom à 4740 m et enfin le gros morceau, l'Osoruri à 4860 m ... plus haut que le Mont Blanc !! Et après nous attaquons plus de 1700 m de dénivellé en descente !Ouch ! Mes pieds vont s'en ressentir avec quelques belles ampoules ! La descente est sans fin jusqu'à Hualcayan ... des heures de descente ... on rêverait presque d'un nouveau col pour arrêter cette descente infernale et monotone !

Notre trek prend fin dans le village, village très pauvre où les gens labourent à la charrue, battent les céréales à la main et vivent tous dans des maisons en terre battue.

Un taxi nous rammène au brouhaha de Caraz en une heure de piste poussièreuse qui descend au fond de la vallée.

C'était un magnifique trek, on en garde des souvenirs plein la tête ... nous espérons que les photos vous feront rêver un peu aussi !

Pour un panorama complet du trek, cliquez ici pour voir les magnifiques photos prises par Christian, étapes par étapes :

http://chrigiontour.blogspot.com/2010/08/alpamayo-trek.html